Le cerf, avec sa majesté naturelle et son allure imposante, m’a toujours fasciné. Photographier cet animal dans toute sa splendeur est un rêve que je nourris depuis des années. Le brame, cette période unique de l’automne où les cerfs mâles se livrent à des joutes vocales et physiques pour s’attirer les faveurs des femelles, est l’un des moments les plus spectaculaires et symboliques de la vie sauvage. Durant le brame, les cerfs arborent leurs bois à leur apogée, témoignant de leur puissance et de leur maturité.

Cependant, cette période cruciale est également très sensible. Le moindre dérangement peut perturber leurs comportements naturels, les exposant à un stress inutile et à des risques accrus pour leur survie. En Suisse, le brame est de plus en plus compromis par l’afflux massif de curieux et de photographes, souvent peu conscients des conséquences de leur présence. Ce constat, bien que préoccupant, m’a poussé à entreprendre cette année, une approche quelque peu différente. Armé de mon appareil photo et de beaucoup de patience, j’ai choisi de vivre cette expérience différemment, avec un objectif simple : capturer la magie du brame sans troubler ces magnifiques créatures. Cette quête m’a conduit à un voyage inoubliable à travers des paysages enchanteurs et un engagement renouvelé envers la préservation de notre faune sauvage.

Richmond Park : Un Havre pour les Cerfs et les Daims

Si j’ai choisi Londres cette année, c’est parce que je voulais vivre cette expérience sans perturber la faune sauvage, ce qui devient de plus en plus difficile en Suisse. A Richmond Park, les cerfs évoluent dans un espace vaste et ouvert, où il est possible d’observer et de les photographier tout en respectant leur environnement naturel.

Situé à quelques kilomètres de Londres, Richmond Park est un véritable sanctuaire pour les cervidés. S’étendant sur près de 1 000 hectares, ce parc historique fut créé au XVIIe siècle comme terrain de chasse royale. Il est aujourd’hui un refuge unique où une importante population de cerfs cohabite harmonieusement avec les visiteurs. Ses vastes espaces offrent une mosaïque de paysages variés : des prairies à perte de vue, des bois mystérieux aux arbres centenaires, et des collines offrant des points de vue spectaculaires sur l’horizon londonien. La grandeur du parc donne une véritable sensation de liberté, chaque recoin révélant des panoramas qui semblent tout droit sortis d’un tableau.

Mon aventure à Richmond Park a donc commencé un matin de brume. Sac sur le dos, équipé de mon matériel photo, j’étais prêt pour trois jours d’exploration intense. Le parc, immense, regorge de chemins sinueux où chaque tournant révèle une nouvelle scène pittoresque. Lors de mon séjour, une journée entière sous une pluie battante a ajouté une dimension mystique à l’expérience. Les gouttes de pluie créaient une symphonie naturelle, tandis que la brume et l’humidité intensifiaient les couleurs des feuillages et la majesté des cerfs, rendant l’ambiance tout simplement incroyable. En trois jours, j’ai parcouru près de 70 kilomètres à pied, à la recherche de ces instants uniques où la nature se dévoile.

Une Rencontre Hors du Temps

Le premier brame que j’ai entendu, au lever du soleil, était presque surréel. Un cri puissant, guttural, qui résonne dans la fraîcheur matinale. Chaque appel semblait être une déclaration, une affirmation de force. En gardant mes distances et en utilisant un téléobjectif, j’ai pu immortaliser des scènes d’une beauté brute : des cerfs majestueux, leur souffle visible dans l’air froid, leurs bois illuminés par les premières lueurs du jour.

Mais au-delà de ces moments magiques, j’ai pris conscience de l’importance de notre responsabilité en tant qu’observateurs. Même à Richmond Park, où les cerfs sont habitués à la présence humaine, j’ai vu des visiteurs s’approcher de manière irresponsable, perturbant ces animaux en pleine période de reproduction. Ce type de comportement a parfois de graves conséquences : certains photographes imprudents se sont même fait charger par des cerfs, subissant des blessures graves. Une telle attitude est non seulement dangereuse mais également totalement irresponsable, mettant en péril aussi bien les personnes que les animaux.

Une Fragilité Croissante en Suisse

En Suisse, la situation est encore plus critique. La popularité croissante des sorties organisées pour voir ou entendre les cerfs bramer entraîne un véritable stress pour ces animaux. Les cerfs, épuisés par leurs joutes et leurs parades, ont besoin de calme pour conserver leur énergie et survivre à l’hiver. De plus, l’afflux de photographes animaliers, parfois peu expérimentés, ajoute une pression supplémentaire. Certains n’hésitent pas à s’aventurer dans des zones sensibles, ignorant les conséquences de leur présence.

Photographier sans Déranger : Une Philosophie

Mon expérience à Richmond Park m’a confirmé qu’il est possible de réaliser de belles photos tout en respectant la faune. Voici quelques principes que j’ai suivis et que je recommande :

1. Utiliser un téléobjectif : Cela permet de garder une distance suffisante pour ne pas stresser les animaux.
2. Observer les règles locales : Que ce soit en Suisse ou ailleurs, respecter les zones interdites et les consignes des gardes forestiers est primordial.
3. Privilégier la discrétion : Rester silencieux et bouger lentement pour ne pas perturber l’équilibre naturel.

Un Appel à la Sensibilisation

En conclusion, si le brame du cerf est une expérience fascinante, elle doit être appréciée avec respect et responsabilité. J’invite les lecteurs à réfléchir à leur impact lorsqu’ils se rendent en forêt, que ce soit pour observer, écouter ou photographier. La nature nous offre des merveilles, à nous de les préserver.

N’hésitez pas à découvrir mes clichés de Richmond Park sur mon site, et pourquoi pas partager vos propres expériences de photographie animalière. Ensemble, faisons en sorte que ces moments uniques perdurent pour les générations futures.